Les 24heures du Castellet à Vélo 30 juin 2019

C’est le genre de défi que tu fais parce qu’un pote te dit « Je nous ai inscrits ! ». Nous voilà parti en équipe de 4 pour découvrir l’aventure d’un 24 heures à vélo au Castellet dans le Var fin juin en pleine canicule !

Notre objectif : finir avec plaisir et découvrir. Il est contre-productif de se mettre un objectif de résultat ( temps, place, moyenne, …) quand vous découvrez une course pour la première fois. Et un 24 heures par équipe est encore plus complexe car il y a 4 fois plus de variable, la logistique, l’alimentation, le sommeil tout est plus complexe.

Pour notre confort j’ai demandé à Guillaume, mon masseur habituel, qui vient sur mes stages, si l’aventure le brancher.

Voilà notre équipe au complet avec : Thierry, Nico, Guillaume, Bernard et Laurent

Le départ est donné samedi à 14h30, j’arrive à 11h sur le circuit où Bernard et Thierry ont déjà installé notre camp sur le paddock à l’arrière du Box de notre équipe « La meilleure cyclosportive » bien évidemment.

En toute logique nous aurions dû faire 3 relais de 2 heures chacun. Mais après réflexion, et sous les conseils de Thierry qui a déjà participé à une telle épreuve, nous décidons de partir sur des relais d’une heure en pleine chaleur et de 1H30 dans la nuit pour avoir plus de temps de récupération entre nos relais et dormir un peu. Nous ferons donc 3 relais 1 heure et 2 d’1H30.

Bien sûr nous rappelons à Bernard un peu stressé, car il est le moins fort sur le papier, que nous faisons ça plus pour l’aventure humaine que pour la perf, chacun ira à son rythme. Mais dès que j’arrive on se pose déjà la question « comment se transmettre le plus rapidement possible la puce qui est à notre cheville !? »

Et quand Thierry prend le départ, il se retrouve au premier passage sur la ligne en tête, puis nous analysons ses temps de passage au tour car l’organisation met à disposition dans chaque Box une télé avec les places, temps de passage au tour moyen et le meilleur tour. L’ambiance est posée, chacun va faire son premier relais d’une heure à bloc !!!

Je prends mon premier relais à 17H30, il fait encore assez chaud mais le vent assez fort, rend la chaleur supportable. Je prends un bidon d’eau fraiche et un bidon de boisson + 1 gel. En théorie j’ai les 60g de sucre nécessaire pour une heure. Mais avec cette température il s’avère difficile de boire et manger autant pendant le run …

 

Tout le monde tourne aux alentours de 6 minutes au tour, soit environ 10 tours dans l’heure et une moyenne autour de 35-36 km/h. Le parcours n’est pas facile, il y a la ligne droite des stands en faux plat descendant où tu peux atteindre les 50km/h même si la borne de chronométrage est un vrai trottoir qu’il faut sauter à pleine vitesse. Ensuite il y a une chicane en relance et un long faux plat montant d’environ 800m souvent vent de face, puis une montée de 300 qui monte autour des 5% toujours vent de face. Si tu es dans les roues tu peux la monter à 30km/h mais seul il est difficile de la passer au-dessus de 23-25km/h/ La redescente jusqu’au stand se fait dans un enchainement de virage en faux plat descendant.

Je boucle mon premier en 6’05 avec le départ à 20km/h dans les stands c’est correct, puis je roule seul 5 tours, je double énormément de cyclistes, mais personne ne me rattrape ce qui me permettais de prendre des roues. Certains cyclistes que je rattrape se mettent dans les roues un moment puis décrochent, souvent en haut de la côte. Finalement 2 rouleurs me rattrapent, je m’accroche à leurs roues et nous finissons mes 10 tours ensemble en 58 minutes soit 37,4 km/h.

J’ai 3 heures pour récupérer et voilà le timing : D’abord se doucher rapidement pour manger dans les 30 minutes après l’effort pour mieux assimiler les nutriments afin de repartir pour le prochain relais (car on n’arrive pas à manger pendant la course : trop intense, trop chaud,…). Mais il ne fallait pas trop manger non plus pour avoir le temps de digérer, ce qui en moins de 3 heures est juste.
Je m’enfile une cuillère à café d’acéruline pour les micronutriments et les BCCA, un fruit frais pour me laver la bouche et une salade de riz avec un œuf ou du blanc de poulet que nous avait fait Bernard. Ensuite massage, je vais voir un peu les copains qui tournent, un lecteur me fait signe, on discute 5 minutes et c’est déjà l’heure de me préparer pour mon prochain relais.

Avec la chaleur et l’agitation, je repars le ventre encore plein et lourd. Bernard me passe le relais à 21heure, la nuit tombe et on est aux alentours de la vingtième position, je me dis que je vais faire les premiers tours tranquille pour m’échauffer (car n’ayant pas de home trainer c’est un peu compliqué) puis quand je me fais rattraper par un bon groupe je prendrais les roues.

Je sors des stands à 20km/h et là un type me double doucement en sortant lui aussi de son box, je prends sa roue, il accélère, dans la montée j’ai du mal car son rythme est irrégulier, d’un coup il se met en danseuse et prend 3 km/h, puis il s’assoie et je reviens sur lui. En haut il relance violemment, je décide de le laisser partir pour ne pas dépasser les 350 watts. Je reviens sur lui dans les virages en descente et sur la ligne droite des stands je tombe une dent, prend un relais appuyé, dans la chicane je lui dis « si tu roules régulier dans les côtes et moi sur le plat on va faire un bon temps ». Il acquiesce de la tête et on va rouler ensemble 5-6 tours jusqu’à ce qu’un arbitre vienne lui dire que sa lumière (obligatoire à l’arrière) ne fonctionne plus. Je dois repartir seul jusqu’à 22 heures pour un run d’une heure à 38,5 km/h on est à la 11ème place et 5ème de notre catégorie « Quatro ». Thierry attaque le premier relais de 1h30, mon prochain sera à 3 heures du matin.

Il m’est impossible de manger, ni même de boire trop, je prends ma douche et demande à Guillaume de me masser rapidement, je me détends avec ma respiration pour essayer de m’endormir le plus vite possible, au moins 1 heure ça me ferais du bien, mais le rythme de mon relais a augmenté mon métabolisme. Après le massage je mange un morceau de pastèque qui m’hydrate aussi un peu et une banane. Je sais que ce n’est pas suffisant mais mon estomac est bloqué. En temps normal je serais allé prendre un coca mais la caféine m’empêche de dormir.
J’échange quelques sms avec ma femme avant de ressentir le sommeil. Je mets mes écouteurs sur les oreilles car il y a pas mal de bruit et un masque sur mes yeux pour être dans le noir ; Je vais réussir à dormir 50 minutes.
Je me prépare, je me sens toujours un peu bloqué pour manger mais pour boire ça va, je prends une bouteille d’eau dans laquelle je mets 2 doses d’électrolytes. Puis juste avant d’aller prendre mon relais d’une heure et demie je bois la moitié d’une canette de Coca et mets l’autre dans mon bidon à la place de la boisson, puis je finis de la remplir avec la bouteille d’électrolyte.

Je vais au bord de la piste attendre le signe de Bernard de me préparer pour le prochain tour, on se comprend mal et je le vois arriver directement au stand, je n’ai pas les chaussures et mon vélo est encore dans le box, il décide de repartir pour un tour. J’en ai profité pour trottiner sur place, faire des squats et des fentes pour m’échauffer, quand Bernard arrive je pars direct (pas tout à fait à 20km/h) et je tombe directement sur le groupe des premiers qui se surveillent comme le lait sur le feu. Ça roule très vite (40km/h pendant 1 heure), c’est principalement 2 mecs qui prennent les relais, en fait un grand gars avec la tenue de Sainte Tulle fait 95% du parcours et un autre de Cavaillons le relais de temps en temps. Derrière on se relaie pour rester dans la roue, la côte on la prend à plus de 35km/h, avec mon vélo classique Origine je prends un peu mieux les virages que ceux sur un vélo de chrono et les relances me permettent d’être facilement au contact. Quand je suis en deuxième position derrière un vélo de chrono c’est plus exigeant, alors je m’arrange pour être 3 ou 4ème. Mais personne ne veut passer en deuxième position tellement ça roule vite en pleine nuit.

Quand « La machine » de Sainte Tulle annonce à son équipe « prochain tour » j’ai senti un ouf de soulagement pour mes jambes et dans le groupe tout le monde s’est relâché aussi. Je finis ma dernière demi-heure super bien mais à un tempo beaucoup plus cool pour récupérer au total je ferais 1h30 à presque 39km/h de moyenne.

Douche, massage et là j’ai une faim de loup qui se réveille. Il est 4h30, le pauvre Thierry qui m’a pris le relais avait la tête de mon fils qui émerge après avoir joué la nuit aux jeux vidéo.
Je vais me prendre une pasta box au basilic avec un gâteau au chocolat dans un grand café, le tout avec une cuillère d’acéruline et un fruit frais. Un délice qui me fait du bien.

Quelques minutes après ce festin je ressens le besoin de m’allonger, sans même avoir le temps de mettre les écouteurs et mon masque « Hibou », je plonge dans le camping-car de Bernard et m’endors.

Je me réveille à 7h30, il fait déjà très chaud, mon prochain relais est dans une heure et trente minutes. En me mettant debout je ressens de violentes courbatures dans les jambes et le bas du dos. Il va falloir m’échauffer un peu avant de partir.

Thierry et Laurent sont à la table. Laurent tapote sur son portable avec un regard bizarre et Thierry se lève. Je veux leur dire un truc mais je ne me souviens plus quoi ? D’un coup Thierry sourit en disant « c’est bête je me suis levé mais je ne sais même plus pourquoi ? ». Je me mets à rire en disant que je voulais leur parler d’un truc important mais ça m’est sorti de la tête. Laurent nous regarde les yeux perdus puis se met à rire aussi « Ça fait 5 minutes que j’essaie d’écrire mon adresse, je ne me souviens plus de l’orthographe de la ville où j’habite, on est vraiment fatigué »

Je me prépare pour ce 5ème relais d’1h30 sous la chaleur (le vent ne s’est pas encore levé, il fait très chaud). Je n’ai rien mangé depuis 6h00, je pars m’échauffer, je sens mes jambes très fatiguées.

Bernard arrive au Box, je pars et cette fois je laisse passer les groupes, les watts ne sont plus là. Je montais la bosse facilement autour des 350 watts, maintenant j’ai du mal à 250 watts, il y a presque 10 km/h d’écart, il fait très chaud. Je prends un petit groupe de 3 coureurs en haut de la bosse, je les suis facilement 2 tours.

2 autres cyclistes nous doublent en haut de la bosse (c’est toujours là que ça se passe), je leurs prends la roue, dans les virages et la ligne droite des stands je me refais un peu, je bois et m’arrose la tête et la nuque surtout. En bas dans la chicane, je bois une gorgée de boisson et prends leurs rythmes dans le faux plat montant. En haut de la bosse je ressens la fringale, je dirais même les signes d’une hypoglycémie !!!

En passant sur la ligne je vois Laurent qui me fait un signe avec son pouce vers le haut, je lui réponds en me tranchant la gorge avec la main ce qui veut clairement dire « je suis mort ». Je m’hydrate, je mange un gel et un tube de Guarana qui devrait me booster mentalement et physiquement. Au tour suivant je vois Guillaume en bord de piste et je lui lance « Je suis mort, Banane ! », mais je vois qu’il n’a pas compris.

Je repars pour un tour, je ne sais pas comment je vais finir encore 45 minutes sans eau fraiche, ni un ravitaillement consistant. Le tour suivant je ne passe pas au stand persuadé que Guillaume n’avait pas compris, pourtant il est là avec 2 bananes et une gourde fraiche ! Après mon passage il est allé voir les autres et leur a dit « Nico m’a dit qu’il est mort et Paname ? ». Ils ont bien rigolé sur mon dos et lui ont dit que j’ai surement voulu dire banane. Ce qui est encore plus ridicule de ma part c’est que l’organisation proposait un ravitaillement dans les stands avec banane, gâteau, eau fraiche etc…

Mais je crois que vous avez compris que je n’étais plus lucide. La combinaison effort, manque sommeil et chaleur ont eu raison de mes forces. D’autant que depuis 2 nuits mes 2 derniers enfants m’ont réveillé entre 3 et 4 heures du matin, sans que je puisse me rendormir. Donc mon capital sommeil était au plus bas, ce qui joue sur ma combativité.

Mon discours interne est négatif et défaitiste « à quoi bon », « n’est pas si bon », « c’est nul ce truc »…A chaque fois j’essaie de le chasser rapidement de mon esprit et de me concentrer sur mon effort, mes watts, mon coup de pédale. Difficile de se concentrer sur la beauté du paysage, le circuit est bleu, blanc, rouge sur des larges routes, sans arbre, ni pelouse. Heureusement vous tombez parfois sur des supers mecs. L’un d’eux me double après la chicane et me dit « accroche toi Nico », il se met à mon rythme pour m’insister à repartir d’un bon rythme. Il a senti que je lâchais dans ma tête. Son altruisme, son sourire et ses encouragements m’ont réveillé. Avec mes moyens je repars sur un tempo correct autour des 250w alors que je roulais comme un zombie à 190w 2 minutes auparavant.

C’est dans ces moment-là que j’exprimerais qu’un seul reproche à l’organisation qui pour le reste est irréprochable (on voit même que les organisateurs sont des passionnés et des pratiquants de vélo). Oui je pense qu’il est dommage, compte tenu de la largeur des routes et du faible nombre de cyclistes en même temps sur le circuit (une centaine éparpillés) de ne pas faire une bande de 1 mètre protégé par des barrières pour permettre aux supporters de nous encourager, au lieu d’être derrière un mur d’un mètre de haut et des grilles de 2 mètres, pas très chaleureux.
Le top avec cette canicule aurait été des tuyaux percés sur quelques mètres pour nous arroser à chaque tour, ou un ravitaillement en eau en haut de la bosse (sauf la nuit). Mais on peut toujours faire mieux et c’était déjà plus que très bien.

Je finis mon relais d’1h33 à 33 de moyenne au bout du rouleau. Quand je rentre au paddock Bernard nous dit « si je peux, ne pas faire mon dernier relais je suis cuit », nous avons tous baissé les yeux et je crois qu’il a compris, il est allé se faire masser. Je vais prendre une longue douche froide, j’essaie de manger quelques fruits car rien d’autre ne rentre. Massage, relaxation, c’est déjà l’heure de me préparer. Thierry a fini (le veinard), Laurent en finit à son tour (le salop ! pardon Laurent). J’ai la chance de faire le dernier relais c’est moi qui vais passer la ligne d’arrivée avec le drapeau à damier, alors je me motive, je me rafraîchis en vidant des bouteilles d’eau les unes derrière les autres. Je bois depuis 3 heures de l’eau avec des électrolytes et j’emmène une compote, un gel dans ma poche. Après tout ce n’est plus qu’une heure.

A part les premiers qui roulent encore à tombeau ouvert, les uns derrières les autres ( ils étaient à 6 ou 8 tous de très bon niveau) l’ambiance est plus festive, ça parle, ça rigole, ça souffre aussi car la chaleur à 13h30 est à son maximum.

Je cale mon rythme à 270watts et je roule sans me poser de question. La chaleur et la fatigue ne me permettent pas de profiter jusqu’au dernier tour. Plusieurs cyclistes se relaient dans ma roue, personne ne veut prendre de relais.
A 14H15 je vois des cyclistes qui s’arrêtent dans la côte à l’ombre ? Ils attendent 14h30 me dis un gars qui me suis depuis 2 tours.
Je passe sur la ligne à 14h21, donc si je calcule bien soit je fais un tour en 9 minutes ce qui est très lent, soit je fais 2 tours. Je décide de profiter enfin de ce dernier tour (ou presque), je discute avec des cyclistes tout le monde est en roue libre, on s’amuse à imiter les pistards qui font du sur place, je franchis la ligne à 14h31, à ce petit jeu.
Et là surprise l’organisateur nous lance « Il faut que le premier franchisse la ligne, refaites un tour, il comptera ». Ce n’est pas une blague, il faut repartir, heureusement toutes les équipes et les spectateurs sont sur le bord de piste avec des bouteilles d’eau qu’ils nous donnent. J’en prends 2 que je me verse sur le corps, la fraicheur me relance.
Là je ne profite plus je vais le plus vite possible, j’en ai marre, je veux rentrer, prendre une douche et sortir de ce four.

Toute l’équipe est sur les genoux, on range nos affaires, on se dit au revoir et on s’en va. Même pas de célébration, les organismes sont au bout, le mental est saturé comme l’estomac de glucose, plus rien ne rentre.
C’est le lendemain que je prendrai le temps d’appeler chacun, de prendre des nouvelles et de me rendre compte de ce que je viens d’accomplir.
Merci à mes amis qui ont fait leur maximum dans une ambiance joviale, à mon copain Fred Chevalier qui a gagné les X6 avec la team Top Vélo et avec qui j’ai eu plaisir à rigoler au bord de la piste. Merci aussi aux organisateurs et aux bénévoles pour leurs patiences et leurs gentillesses.

 

objectif, entrainement

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